Ce rapport insiste sur la nécessité d’augmenter le financement annuel de la lutte contre le paludisme à 5 milliards de dollars US, afin d’étendre l’élaboration et l’accès aux outils permettant de sauver des vies et d’atteindre ainsi les cibles mondiales en matière de paludisme et les Objectifs de développement durable (ODD).
4 décembre 2019, Genève — Le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme salue la publication du Rapport sur le paludisme dans le monde 2019, qui démontre que les investissements et des actions de lutte contre le paludisme à l’échelle internationale ont un véritable impact positif, tout en rappelant que pour la moitié des humains de la planète le risque de mourir d’une piqûre de moustique reste très élevé, surtout chez les plus démunis.
Selon le Rapport sur le paludisme dans le monde de 2019, publié aujourd’hui par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la prévalence et la mortalité liées au paludisme baissent, mais plus lentement que prévu. On estime qu’entre 2017 et 2018, le nombre de cas est passé de 231 millions à 228 millions de personnes et le nombre de décès de 416 000 à 405 000 personnes. De manière cruciale, les estimations indiquent qu’en 2018, les interventions à l’échelle globale ont permis de sauver près de 600 000 vies humaines, évitant ainsi près de 100 millions de nouvelles infections, ce qui constitue une nette amélioration par rapport aux chiffres de l’année 2000.
Le Dr Abdourahmane Diallo, directeur général du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme, a déclaré :
« La poursuite des investissements et des engagements au niveau international en faveur d’un monde exempt de paludisme a été essentielle pour le maintien des progrès accomplis parmi les pays impaludés à ce jour – sans ces efforts globaux, les cas de paludisme et les décès qu’il entraîne auraient été nettement plus élevés.
« Il est désormais essentiel de renforcer l’action et les ressources financières à l’échelle mondiale pour combler l’écart de financement annuel de 2 milliards de dollars US afin qu’il soit possible d’atteindre les personnes à risque et de sauver des vies grâce à un accès durable aux moyens de prévention et de traitement. Nous devons également prioriser l’élaboration et le renforcement d’outils nouveaux et transformatifs, afin de maintenir l’avance prise face à un parasite en constante évolution, tel que le soulignent deux rapports clés sur l’élimination du paludisme publiés cette année. Il est essentiel que nous agissions maintenant afin que les dirigeants soient sensibilisés et travaillent ensemble pour atteindre des objectifs de réduction vitaux, pour sauver des millions de vies supplémentaires et pour mettre fin au paludisme une fois pour toutes. »
Le rapport montre que le paludisme frappe toujours plus durement certains des membres les plus vulnérables de la société – les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans – en particulier en Afrique, qui représente 93 % des cas de paludisme dans le monde. On estime à 11 millions le nombre de femmes enceintes vivant en Afrique subsaharienne qui ont été infectées par le paludisme en 2018, soit 29 % des grossesses. En conséquence, près de 900 000 enfants de 38 pays africains souffraient d’insuffisance pondérale à leur naissance. Le rapport indique également que le pourcentage de femmes admissibles recevant les 3 doses recommandées (ou plus) du traitement préventif intermittent pendant la grossesse (TPI) est passé de 22 % à 31 % en l’espace d’une seule année, mais qu’il reste encore loin d’une couverture universelle.
Si la mortalité liée au paludisme des enfants de moins de cinq ans a par ailleurs chuté en 2018, ce groupe totalise encore près des deux tiers (67 %) des décès dus au paludisme dans le monde. Dans les zones impaludées de l’Afrique subsaharienne, environ 61 % des femmes enceintes et des enfants de moins de cinq ans dormaient sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide en 2018, soit une augmentation de 26 % depuis 2010. Cependant, la couverture globale des personnes vivant dans ces régions s’est très peu améliorée depuis 2015.
La professeure Maha Barakat, Présidente du conseil d’administration du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme a déclaré :
« Dans la plupart des régions du monde, les chances de survie d’un enfant qui contracte le paludisme aujourd’hui sont bien meilleures qu’à n’importe quel autre moment de l’histoire. Pourtant, malgré la disponibilité d’interventions à efficacité prouvée et vitales contre le paludisme, les femmes enceintes et les enfants vulnérables courent toujours le plus grand risque de décéder d’une piqûre de moustique.
« L’élimination du paludisme représente l’une des plus grandes occasions d’améliorer la santé des enfants et des mères et de réduire les décès, ainsi que de contribuer à la réalisation des objectifs de l’ODD 3 : permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge. Ce rapport souligne l’importance d’une intégration plus prononcée des interventions de lutte contre le paludisme – notamment à travers des actions de prévention, de diagnostic et de traitement – dans nos systèmes de santé pour atteindre les personnes les plus démunies, mais également pour renforcer les efforts déployés à l’échelle mondiale afin de parvenir à une couverture de soins de santé universelle ».
Toutefois, le rapport recense plusieurs succès dans la lutte contre le paludisme à l’échelle de la planète, puisque plus de la moitié des pays sont considérés comme exempts de paludisme et 49 pays comptent moins de 10 000 cas. Le Timor-Leste, l’Iran et la Malaisie n’ont enregistré aucun nouveau cas de paludisme pour la première fois en 2018, dans le sillage de la Chine et du Salvador l’année précédente. Ces deux dernières années, quatre pays ont été certifiés exempts de paludisme et le nombre de pays sur le point de l’éliminer n’a jamais été aussi élevé. Ces progrès placent le monde sur la bonne voie et laissent à penser qu’au moins 10 pays atteindront l’étape de l’élimination fixée dans la stratégie mondiale de lutte contre le paludisme en 2020.
Deux des pays les plus durement touchés ont également fait état d’une nette réduction des cas de paludisme entre 2017 et 2018 : de 1,5 million en Ouganda et 2,6 millions en Inde. La sous-région du Grand Mékong a enregistré de son côté une baisse de 76 % des cas de paludisme entre 2010 et 2018 et le nombre de décès a chuté de 95 %.
Au cours des deux dernières années, les dirigeants et les partenaires mondiaux et nationaux – tant dans les pays touchés par le paludisme que dans les pays donateurs – ont renforcé les engagements pris en matière de lutte contre le paludisme, en contribuant ainsi à ces progrès. Cette année, les dirigeants mondiaux ont augmenté leur financement au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, avec un montant total de 14,2 milliards de dollars US. Le Fonds mondial représente à lui seul 65 % de l’ensemble des financements externes destinés aux programmes de lutte contre le paludisme pour les trois prochaines années. En 2018, 53 pays du Commonwealth se sont engagés à réduire de moitié les cas de paludisme et les décès qu’il entraine dans les pays du Commonwealth d’ici 2023.
Les investissements dans la recherche et le développement dans le domaine du paludisme ont également atteint 663 millions de dollars US en 2018 – budget le plus conséquent à ce jour depuis 2009. Ces investissements ont permis de mettre en place de nouveaux outils, tels que le programme pilote de l’OMS pour le premier vaccin antipaludique au monde, le RTS,S ainsi que les moustiquaires imprégnées de nouvelle génération, pour faire face aux menaces biologiques de résistance aux insecticides et aux médicaments.
Notes à l’intention des rédacteurs
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À propos du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme
Le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme est la plus grande plate-forme mondiale de coordination de l’action contre le paludisme. Fondé en 1998 sous le nom de Partenariat Roll Back Malaria (RBM), il mobilise des ressources, engage les partenaires à l’action et dégage un consensus entre eux. Le Partenariat rassemble plus de 500 partenaires, dont des pays impaludés, leurs partenaires bilatéraux et multilatéraux de développement, des acteurs du secteur privé, des organisations non gouvernementales, des organisations communautaires, des fondations, des instituts de recherche et des établissements d’enseignement supérieur. https://endmalaria.org/fr