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  • L’Afrique a évité un doublement des décès dus au paludisme en 2020, mais les progrès continuent à stagner dans les pays fortement touchés par le paludisme,
  • L’Asie du Sud-Est accomplit des progrès considérables dans l’élimination du paludisme,
  • Dix pays sur tous les continents ont atteint un taux d’infection nul au cours des cinq dernières années.

Genève, le 30 novembre 2020 – Malgré les défis sans précédent que pose la pandémie de la COVID-19, les pays à travers le monde ont réussi à maintenir leurs avancées historiques dans la lutte contre le paludisme cette année-ci, ce qui a permis de sauver des centaines de milliers de vies, de préserver des systèmes de santé fragiles et de contenir le paludisme dans les pays où de nouveaux cas ne se sont pas manifestés localement.

Cependant, le succès à terme dans l’avènement d’un monde débarrassé du paludisme en l’espace d’une génération est loin d’être assuré, les pays africains les plus fortement touchés par le paludisme arrivant difficilement à réaliser des progrès significatifs ou réguliers dans la lutte contre le paludisme depuis 2016. C’est le constat qu’établit le dernier Rapport mondial sur le paludisme publié aujourd’hui par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Il confirme en effet qu’en 2019, 409 000 personnes sont décédées du paludisme et que le nombre de cas d’impaludés dans le monde s’élève à 229 millions.

Le Dr Abdourahmane Diallo, Directeur général du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme, déclare :

« Cette année, la lutte contre le paludisme a dû être renforcée, mais notre détermination l’a aussi été. Les efforts héroïques déployés par les pays cette année-ci ont permis d’empêcher un doublement des décès dus au paludisme en Afrique subsaharienne et d’accomplir de grands progrès dans l’élimination du paludisme en Asie et dans les Amériques. Les investissements à long terme effectués pour lutter contre le paludisme ont porté leurs fruits pendant la pandémie. Cependant, nous devons nous doter de données à jour et nous servir des enseignements tirés de la riposte à la COVID-19, ce qui nous permettra d’innover et d’adapter nos approches en temps réel et d’avoir un impact maximal dans notre lutte contre le paludisme. »

Les pays se mobilisent pour sauver des vies du paludisme face à la COVID-19

Grâce à une mobilisation sans précédent des pays face à la COVID-19, plus de 90 % des campagnes de prévention du paludisme qui avaient été programmées pour cette année ont été menées à bien, ce qui a permis d’éviter le scénario du pire, celui du doublement des décès dus au paludisme en Afrique subsaharienne, au cours de la seule année 2020. Cependant, on prévoit que pour toute l’année 2020, les cas et les décès dus au paludisme vont s’accroître dans une proportion de 5 % à 50 %, en raison des perturbations intervenues dans l’accès aux services essentiels de diagnostic et de traitement du paludisme dans les pays touchés.

« L’impact du paludisme en 2020 aurait été bien pire à défaut des efforts incroyables déployés par les pays et leurs partenaires, mais la réalité est qu’il est possible aujourd’hui d’éviter chaque décès dû au paludisme. Nous avons vu combien le bilan du paludisme, surtout chez les jeunes enfants, s’alourdit pendant les crises sanitaires, telle que celle de l’épidémie de l’Ebola qu’a connu l’Afrique occidentale il y a quelques années, au cours de laquelle les décès dus au paludisme ont été supérieurs à ceux dus à l’Ebola dans les communautés touchées. Nous devons continuer à lutter en même temps contre le paludisme et la COVID afin de sauver davantage de vies et de protéger les systèmes de santé », ajoute le Dr Diallo.

La carte mondiale du paludisme continue à se rétrécir

Malgré la transmission rapide de la COVID-19 dans toutes les régions du monde, les pays continuent à faire des progrès dans l’élimination totale des cas de paludisme, 27 d’entre eux affichant moins de 100 cas en 2019 – alors qu’ils n’étaient que 6 en 2000 –  ce qui montre que l’élimination est à portée de main dans tous les pays touchés.

Plusieurs d’entre eux, dont la Chine, le Salvador et la Malaisie, ont réussi à contenir le paludisme face à la pandémie de COVID-19, ce qui les place en bonne voie pour l’obtention d’une certification « exempt de paludisme » l’année prochaine. Depuis 2000, 10 pays ont été certifiés exempts de paludisme par l’OMS.

Selon le Rapport mondial sur le paludisme de cette année, la région de l’Asie du Sud-Est relevant de l’OMS est en bonne voie d’atteindre une réduction de 40 % du nombre total de cas d’infection et de décès dus au paludisme pour l’année 2020, un objectif mondial fixé en 2016 et réalisé en grande partie grâce aux résultats remarquables obtenus d’une année sur l’autre en Inde et dans la sous-région du Grand Mékong.

La Professeure Yongyuth Yuthavong, membre du Conseil d’administration du Partenariat RBM, scientifique spécialiste du paludisme et ancienne vice-première ministre de la Thaïlande, commente :

« La sous-région du Grand Mékong a réalisé d’énormes progrès vers l’élimination – même face à la résistance croissante aux insecticides et aux médicaments – en arrivant à réduire les cas d’infection et les décès dus au paludisme de plus de 90 % depuis 2000. Cette performance a été rendue possible en grande partie grâce au développement et au renforcement des outils permettant de sauver des vies, dont bon nombre n’étaient pas disponibles il y a 20 ans, ainsi qu’à une collaboration transfrontalière qui a permis d’améliorer et d’accroître la surveillance. Aujourd’hui, nous devons continuer à investir dans des innovations qui nous aideront à garder une longueur d’avance en cas d’évolution vectorielle et parasitaire. »

La pandémie souligne l’importance du recueil de données en temps réel et de l’innovation dans l’obtention d’un maximum d’impact

En réponse à la pandémie de la COVID-19, la communauté mondiale du paludisme a fait preuve d’un esprit de collaboration sans précédent dans la mobilisation de ressources supplémentaires, dans la lutte contre les perturbations se produisant dans la chaîne d’approvisionnement des produits d’intervention antipaludiques et des équipements de protection individuelle, dans la résolution des goulots d’étranglement au cours des campagnes de distribution et dans la réponse aux poussées de paludisme.

La COVID-19 a montré l’importance cruciale de disposer de données rapides, précises et localisées ainsi que d’innovations pour lutter efficacement contre une maladie infectieuse. Cela est nécessaire pour établir des pivots stratégiques essentiels et pour identifier des ressources limitées permettant de faire face à de nouveaux défis.

La Dre Elizabeth Chizema, membre du Conseil d’administration du Partenariat RBM et ancienne directrice du Programme national d’élimination du paludisme en Zambie, déclare :

« La communauté mondiale contre le paludisme doit tirer le maximum de cette occasion d’utiliser des données en temps réel pour éclairer les décisions devant être prises sur-le-champ. Cette approche, qui a été catalysée et facilitée par le Partenariat RBM, aidera à s’assurer que des ressources limitées aient un impact maximum et à continuer de soutenir la résilience des pays face aux obstacles imprévus pouvant se poser lorsqu’il s’agit de lutter contre le paludisme. »

Rester concentré sur l’objectif réaliste d’un monde sans paludisme

Depuis 2000, grâce à un partenariat engagé au niveau international, le monde a réalisé des progrès considérables dans la lutte contre le paludisme, ce qui a permis de sauver 7,5 millions de vies et d’éviter la transmission de nouvelles infections à 1,5 milliard de personnes.

Les investissements dans le paludisme au cours des deux dernières décennies ont permis non seulement de sauver des vies, mais aussi de renforcer les systèmes de santé, d’améliorer les économies et d’accroître la sécurité sanitaire mondiale. Ces avancées ont également permis de réduire drastiquement la charge que représente la maladie pour les systèmes de santé, tout en étoffant la formation d’agents de santé et en relevant les capacités des laboratoires et la surveillance des maladies, les aidant ainsi à mieux faire face aux nouvelles menaces à la santé.

Cependant, la pandémie de la COVID-19 et ses retombées économiques continuent à menacer les progrès à accomplir à long terme pour mettre fin au paludisme. Les engagements et les actions que prendront les pays au cours des prochaines années seront essentiels pour redresser le cap et atteindre les objectifs ambitieux et réalistes en matière de réduction du paludisme, surtout en Afrique, un continent qui doit supporter plus de 90 % du fardeau mondial du paludisme.

La Professeure Maha Taysir Barakat, présidente du Conseil d’administration du Partenariat RBM, a déclaré en matière de conclusion :

« Nous ne pouvons pas laisser la pandémie de la COVID-19 nous détourner de nos efforts visant à préserver les avancées durement réalisées dans la lutte contre le paludisme et à accélérer les efforts visant à mettre fin à cette maladie en l’espace d’une génération. L’élimination du paludisme permettra également aux pays de gérer d’autres maladies, ainsi que les menaces sanitaires courantes et émergentes. Grâce à notre engagement continu, notre utilisation optimale des ressources actuelles et nos nouveaux investissements, nous pourrons nous acquitter de la promesse de faire advenir un monde sans paludisme. » 

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Contact

Pour organiser une interview ou en savoir davantage sur le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme, veuillez contacter le service de presse du Partenariat RBM à l’adresse suivante : RBMPartnership@grayling.com, ou appeler le +44 (0) 20 3861 3747.

Notes à l’attention des rédacteurs :

À propos du paludisme

  • Le paludisme est l’une des maladies les plus anciennes et les plus mortelles au monde. Elle existe depuis l’époque des dinosaures et certains pensent qu’elle a tué la moitié des personnes ayant jamais vécu.
  • Il est possible d’éviter entièrement et de traiter le paludisme. Malgré cela, plus de 400 000 personnes en meurent tous les ans – pour la plupart des enfants de moins de cinq ans. Un enfant meurt encore aujourd’hui du paludisme toutes les deux minutes dans le monde.
  • La moitié de la planète demeure encore exposée au paludisme, plus de 90 % du fardeau qu’il représente se trouvant en Afrique.

Principales conclusions du Rapport mondial sur le paludisme 2020

  • Depuis 2000, les efforts déployés au niveau mondial ont permis de sauver 7,6 millions de vies et de contrer 1,5 milliard de nouvelles infections.
  • En 2019, les décès dus au paludisme ont diminué légèrement – à 409 000, le nombre le plus faible jamais atteint – alors que le nombre total de cas a connu une légère augmentation à 229 millions.
  • Entre 2000 et 2019, le nombre de pays comptant moins de 100 cas de paludisme indigène (un très bon indicateur de l’élimination proche du paludisme) s’est accru, passant de 6 à 27.
  • Depuis 2000, 21 pays ont réussi à prévenir totalement les cas de paludisme pendant trois années consécutives, 10 d’entre eux ayant été certifiés exempts de paludisme par l’OMS
  • Dans les 11 pays qui représentaient 70 % du fardeau mondial du paludisme en 2017, le nombre de décès a baissé de 263 000 en 2018 à 226 000 en 2019, alors que celui des cas d’infection a légèrement augmenté, passant de 155 millions à 156 millions au cours de la même période.
  • La région de l’Asie du Sud-Est relevant de l’OMS est en bonne voie d’atteindre 40 % de réduction de l’incidence des cas de paludisme d’ici à 2020 (objectif mondial fixé en 2016), en grande partie grâce aux progrès remarquables réalisés d’une année sur l’autre en Inde et dans la sous-région du Grand Mékong.
  • La sous-région du Grand Mékong a réduit les cas d’infection et de décès de plus de 90 % depuis 2000.
  • L’Inde a réduit le nombre de cas de paludisme de 1,2 million au cours des deux dernières années.

Efforts déployés dans la lutte contre le paludisme face à la COVID-19

  • En avril, une analyse de modélisation réalisée par l’OMS et ses partenaires a averti que le nombre de décès dus au paludisme en Afrique subsaharienne pourrait doubler en 2020 – jusqu’à atteindre des taux observés pour la dernière fois il y a près de deux décennies – si l’accès aux moustiquaires imprégnées d’insecticide vitales et aux traitements antipaludiques était fortement réduit.
  • En réaction, le Partenariat RBM a lancé un appel urgent à l’action, exhortant les pays à poursuivre avec prudence leurs campagnes de prévention du paludisme prévues pour 2020.
  • Grâce au leadership qui a prévalu, plus de 90 % des campagnes se déroulent comme prévu dans les 30 pays qui les avaient programmées pour 2020.
  • Plus de 200 millions de moustiquaires sont en passe d’être distribuées, et plus de 20 millions d’enfants ont reçu un traitement de chimioprévention du paludisme saisonnier cette année.

Pour obtenir plus d’informations sur la COVID-19 et le paludisme, visitez endmalaria.org/covid19andmalaria

À propos du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme

Le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme est la plus grande plate-forme mondiale d’action coordonnée contre le paludisme. Initialement créé sous le nom de Partenariat Roll Back Malaria (RBM) en 1998, il mobilise les efforts pour l’action et les ressources et forge un consensus entre les partenaires. Le Partenariat est composé de plus de 500 partenaires, dont les pays impaludés, leurs partenaires bilatéraux et multilatéraux de développement, le secteur privé, les organisations non gouvernementales et communautaires, les fondations et les institutions de recherche et d’enseignement. Le Secrétariat du Partenariat RBM est hébergé par le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) à Genève, en Suisse.

Facebook : @RBMPartnership

Twitter : @endmalaria

Crédit photo: Uganda's National Malaria Control Programme